Patrimoine

Le village de Saint-Jean-le-Vieux abrite une église dont on trouve trace dès le XIème siècle. Petit joyau à découvrir à l’intérieur comme à l’extérieur, la commune en prend grand soin en la rénovant régulièrement.

Petite histoire de l’église de Saint-Jean-le-Vieux

La commune de Saint-Jean-le-Vieux est située sur les Collines bordières du Grésivaudan dominées par le Balcon de Belledonne puis la chaîne de Belledonne proprement dite.
Du terre-plein situé devant l’église une vue plongeante offre un panorama exceptionnel sur la vallée du Grésivaudan et sur l’agglomération grenobloise.

L’église « Sanctus Johannes super Domena » et sa paroisse sont citées pour la première fois dans le cartulaire de St Hugues en 1084. A partir de 1260, on la retrouve sous le nom de Sanctus Johannes Veteris.

Au Moyen Âge, la paroisse appartient au mandement de Revel, possession de la puissante famille des Alleman. Les Commiers sont les seigneurs de Saint-Jean-le-Vieux. Ils possèdent des terres sur cette paroisse et y ont édifié une maison forte, le “château”.

En 1497, l’église de Saint-Jean-le-Vieux passe sous le patronage du prieuré de Domène. A partir de cette date, les informations se raréfient.

De 1794 à 1801, la commune est même réunie à la commune de Domène. Elle retrouve son indépendance et son statut de commune de plein exercice le 9 brumaire an X (29 octobre 1802).

Origine de l’Eglise

Dédiée à Saint Jean-Baptiste, l’église de Saint-Jean-le-Vieux avec son clocher d’origine du XIème siècle est l’une des plus anciennes églises de la région.
Le terme « Veteris » qui signifie vieux, accolé à Saint-Jean, ne concerne pas le saint mais le village, ce qui laisse penser qu’il y a eu un hameau de Saint-Jean nouveau ailleurs, soit rebaptisé, soit disparu depuis.

Saint Jean le Baptiste est, avec le Christ et la Vierge, le seul saint dont on célèbre la nativité : c’est habituellement la date de mort d’un saint, sa « naissance à la vie nouvelle », qui est retenue pour sa fête.

Extérieur

A l’origine, il ne s’agit sans doute pas d’une église paroissiale, mais d’un ensemble monastique sépulcral composé d’une chapelle funéraire édifiée pour abriter les sépultures des seigneurs locaux, d’un cloître, et deux ou trois bâtiments conventuels qui occupaient le replat créé de main d’homme. Quelques moines devaient habiter en permanence là pour assurer les services de l’église.
Cet édifice d’époque romane dont on peut retenir l’abside en hémicycle, le clocher à baies géminées, les murs de nef percés de fentes étroites a souvent été remanié au cours des siècles (Adjonction de fenêtres, d’une sacristie, d’un auvent sur la porte d’entrée, fenêtres murées, etc.).

Façade

La façade est de style lombard du premier âge roman.

Elle est décorée de bandes lombardes (décor mural constitué de bandes verticales, ou lésènes, en faible relief dans l’épaisseur d’un mur extérieur, reliées entre elles par de fines arcatures en plein cintre qui de manière répétitive se succèdent sur les façades, les tours ou les absides), de têtes au sommet des colonnettes et d’un diablotin gardien des âmes qui reposent dans l’église.

On peut supposer que la porte latérale à accolade donnait sur le cloître, et que la fenêtre murée trilobée semi enterrée du mur amont donnait jour à un escalier descendant à la crypte…

Toiture

Le toit à double pente remis récemment à l’horizontale suivait à l’origine la pente naturelle de l’église.

Le chevet de plein-cintre avec voûte en cul de four est de style roman.

Le clocher du XIème siècle à baies géminées, couvert de lauzes abrite 2 cloches (4 à l’origine) portant les noms de épouses des seigneurs. Cassées, refondues et augmentées en 1894 à Annecy par la Fonderie PACCARD.

Autrefois le cimetière était devant l’église, il a été transféré en 1930 en contrebas.

Intérieur

Cette église abritait autrefois des reliques, un fragment du carré du voile de la Vierge et des reliques de St Jean-Baptiste.

On retrouve à l’intérieur les caractéristiques du style roman : Abside en hémicycle, voûte en cul de four, fenêtres étroites genre meurtrières.

Le plafond-plancher plat non voûté, particulier aux premières églises romanes, est un héritage des églises romaines.

Le sol à l’origine en plancher montait en pente forte vers l’autel, pente d’humilité en s’élevant vers Dieu ou affaissement comme le suggère le contrefort de soutien en façade ?

Elément incontournable de toute église romano-lombarde, une crypte existe très certainement Certaines sources évoquent une quinzaine de personnages ensevelis. La fenêtre murée extérieure située au niveau de la route coté amont et des percées d’aération corroborent cette supposition. Elle a pu être comblée par affaissements ou volontairement. Seules des investigations par caméra permettraient de progresser dans cette hypothèse.

Mobilier

Le Maître Autel du XVIIème siècle, classé par les Monuments Historiques, appelé « Retable mystérieux » est un cadeau d’un personnage important. En bois doré à la feuille d’or, décoré en partie haute de fleurs de lys, de colonnes torses et de demi coupoles en coquille, il présente les principales caractéristiques du style Louis XIII.

Les faux marbres et trompe-l’œil sont d’époque Louis XV ou Louis XVI.

La table de communion a disparu car le plafond s’est effondré sur elle lors de la restauration.

Les autels latéraux, avec la Vierge et Joseph ainsi que les lustres et bougeoirs en opaline datent du 19ème siècle, tout comme la tribune, le baptistère et le confessionnal tous en noyer.

On peut voir un chasublier dans la sacristie.

La croix de mission préalablement installée dans le cimetière a été restaurée et placée sur la tribune. Les croix de mission sont des croix monumentales érigées lors de campagnes d’évangélisation menées par l’évêché après les traumatismes de l’époque révolutionnaire. Elles peuvent aussi être offertes par un personnage important de l’Eglise, Evêque ou Cardinal lors d’une manifestation.Les croyants devaient se signer en passant devant, pouvaient y trouver protection, y apporter des offrandes et elles servaient de stations lors des processions.

Mobilier non identifié

On ne sait rien de la pierre baptismale creusée en demi sphère située dans le fond de l’église, ni du bénitier en pierre reposant sur une meule trouée, sinon qu’il sont sans doute les éléments les plus anciens de l’église.

Une litre funéraire courait le long des murs à mi-hauteur, elle a été recouverte d’enduit lors des derniers travaux. Une litre, ou ceinture funèbre, constitue un des premiers droits honorifiques qu’ont les seigneurs patrons et les seigneurs hauts justiciers dans les églises dont leurs familles sont fondatrices, ou dans les églises qui sont dépendantes de leurs seigneuries. Ce droit consiste à faire peindre les écussons de leurs armes sur une bande noire en forme de velours, autour de l’église ou à l’intérieur, lorsque mourait le seigneur du village, du XVIe siècle à la Révolution. Longtemps ils eurent le privilège d’être enterrés dans le cœur des églises ou dans les cryptes, où leur tombeau était orné de statues et garni d’épitaphes. Le droit de litre subsista jusqu’en 1790 et sera aboli à la Révolution.

Le charme et la modestie de l’église de Saint-Jean ne révèlent pas de prime abord l’importance qu’elle a pu avoir pour des personnages illustres mais oubliés.
L’ensemble funéraire édifié pour abriter les sépultures des seigneurs locaux, le très riche retable mystérieux, la litre, donnent cependant à penser que des hommes de haute lignée lui ont été attachés et que certains d’entre eux sont probablement encore en ses murs. Dans la crypte ?

PATRIMOINE ET DEVELOPPEMENT
Bernadette CADOUX